Mars 2021
Read More
Le Conseil des Anciens
Ce soir, c'est réunion de col(l)oc'(que).
Les vieux dégarnis ont palabré. D'abord immobiles et silencieux devant le ciel vide, ils se sont envoyé leurs pensées en pleine tronche. Puis ils ont valsé, déblatéré, tremblé, secoué la tête. Ils ont mis looongtemps. (Et si on prend le temps de dire des choses en Entique, c'est que c'est vraiment important.) Ils ont été formels : notre cas est désespérant.
Tous n'étaient pas d'accord : il y a plusieurs formes de désespoir. Déjà, il y a ceux qui dépriment. C'est une forme d'(in)action poignante et romantique sur les synopsis, mais dans la vraie vie, ça sert à rien. Juste à rendre mal à l'aise ou malheureux les autres autour – sauf ceux qui aiment bien consoler – et à faire des croche-pattes aux initiatives en leur mettant du plomb dans l'aile.
Il y a aussi les cassos' : ceux qui marchent à côté de leurs pompes sans réussir à suivre un bout de chemin pieds nus. Qui ne savent pas où s'orienter. Et qui, du coup, n'en ont que faire du Monde qui les contient ; c'est pas la priorité !
Et puis les chercheurs d'or : ceux qui sont envieux de notre développement déviant. Pas facile, de supporter les surdéveloppés. D'autres veulent suivre la voie qui mène au trépas. Parce que ça fait rêver, le rêve européano-américain. La démesure, la culture, le confort, la santé, le fric. Il faut dire qu’on l'a bien vendu.
Il y a aussi ceux qui, de leur piscine, offrent une goutte d'eau pour la bonne cause. Nous, les lambdas. On veut tout à la fois aimer la nature et les autres. On est un peu réac quand il faut, mais point trop n'en faut. On fait "ce qu'on peut" : "notre bonne action" (en oubliant qu'il faudrait agir sur tous les plans.) On a voulu tout casser lorsqu’on était ado, et puis on s'est rangé. On a laissé passer les crises en surfant un peu dessus quand on pouvait. On les a essuyées.
Et puis ceux qui ne veulent pas voir. C'est quand même plus simple, si le monde nous accable, de resserrer le œillères...
Et puis les rageux, ceux qui veulent faire avancer le schmilblick. Et qui ont l'impression de courir sous les bombes avec un boulet au pied, en essayant de traîner toute la ribambelle des autres.
Je suis partie avant la fin de la réunion – parce que quand même, c'était vraiment long. Mais je crois qu'ils avaient un petit message à souffler ; une conclusion, une coda, en attendant la suite. Prenons soin de nous et du monde... Les cas désespérants ne sont pas forcément désespérés !
Challenge une photo et quelques mots par jour : 76/365 - 17 mars
