Mai 2021
Read MoreLarmes d'Aquarelle
"Et si c'était par désespoir que les cascades se précipitaient du haut des montagnes ?" (Sylvain Tesson)
Aujourd'hui, j'aimerais rendre hommage à un monsieur. Ce n'était pas un président, pas un champion du monde, pas un milliardaire. C'était un gars comme nous : avec ses qualités et ses défauts ; unique, comme tout le monde. Peut-être en mieux. Vous avez sûrement croisé un de ses dessins quelque part, au hasard d'une librairie, d'une expo ou d'un tourniquet de cartes postales. Ce monsieur s'appelait Alexis Nouailhat.
"Hey Salut !
Je me doute bien que tu n'as plongé dans la mort pour que l'on pleure. Même pas en couleur. Désolée, j'ai mes moments de faiblesse. – Il paraît même que c'est une force d'assumer des moments de faiblesse. Et puis qu'il y a un temps pour les sourires et un temps pour les larmes.
En fait, j'ai vraiment du mal à y croire : on dirait une mauvaise farce, … et puis que la prochaine fois que l'on se verra on rira d'y avoir cru ! Ou un de ces rêves un peu trop vrais que la lumière va dissiper bientôt, et qui laissera un long moment la sensation d'une menace planante.
Mais il y a ce fichu inconvénient avec la mort, qui est son caractère définitif. On ne peut plus trop se dire que bon, allez, "ça ira mieux demain". Dès lors qu’à priori, ça n'arrivera plus.
On s'était rencontré en festival, et avait sympathisé à Namur ; je suis sûre que tu t'en souviens. Tu avais été vraiment chouette. Généreux, avenant, enthousiaste, encourageant. C'était sûrement ta façon d'être un peu avec tout le monde, mais ce n'est pas quelque chose de très commun. (Du tout.) Je devais passer te voir là-haut dans tes montagnes, et te montrer mes gribouillages à l'occasion. Je ne l'ai jamais fait. Pardon. C'était un projet en stand-by, comme plein de choses, parce qu'"on a le temps". D'autres occasions nous avaient permis de nous revoir quand même. Récemment, tu m'avais même fait parvenir une peinture par l'intermédiaire de mes amis exilés en Dévoluy. Elle décore mon salon. J'ai pas encore trouvé quel sommet c'est ! Dessus dans un coin, c'est inscrit "je ferais autant d'aquarelles qu'il y a d'étoiles dans le ciel". Je ne suis pas certaine que tu aies réussi. Mais vu ta productivité, t'en étais sans doute pas si loin. En tous cas, je trouvais souvent tes illustrations géniales. Et ta faculté à illustrer les émotions en quelques coups de crayon, sur des humains ou des animaux, tout à fait incroyable. Pour moi qui peine à retenir les traits d'un visage, c'est complètement surréaliste. Je me rappelle tellement cette remise des prix du concours AVES que tu avais croquée en direct !
J'espère que tu es bien là où tu es maintenant. Ce n'est peut-être pas aussi dense et étroit qu'un corps ; plus léger à porter. Peut-être que désormais tu aperçois toutes les solutions qui nous échappent sur tous les sujets, et qui t'ont échappées à toi aussi. Ou pas. J'ai l'impression que tu laisses un trou dans le cœur de bien du monde ; et j'espère que chacun aura la force de raccommoder, pour bientôt se souvenir sans larmes, joyeusement, d'un toi espiègle, un pinceau à la main.
Pour te faire honneur, je suppose qu'arpenter les Montagnes ("Du pas de la porte au bout du Monde..."), garder le sourire et militer pour la nature, ce n'est pas si mal. Si tu as d'autres idées, n'hésite pas à venir faire coucou dans un des mes rêves chelous.
Adieu, ou à la revoyure dans une autre vie... Sois heureux là où tu es, et bon vent !..."
Je ne peux que vous inviter à aller rire et vous émerveiller devant son travail : alexis-nouailhat.com
(PS. : Sinon, les gens (hyper)sensibles du coin, ça vous dit on arrête les frais ? "Ce n'est pas un signe de bonne santé mentale que d'être bien adapté à une société malade." (Jiddu Krishnamurti). Ce monde à rudement besoin de gens sensibles vivants pour évoluer un peu dans un sens positif... ! Faites attention à vous...)
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