Février 2021
Read More
La Dolce Vita
Aujourd'hui, c'est les vacances. Nous ouvrons les yeux dans la maison fraîchement presque retapée d'un couple d'amis. Le réveil ne sonne pas, le chat ne vient pas ronronner sur les oreillers, c'est tout juste si l'église se fait remarquer par quelques doux tintinnabulements de cloches. Entre le clic-clac et les plaids confortables, la douceur est tyrannique. Impossible de se soustraire à son autorité pour se lever de là. ... Enfin, à une heure relativement indécente, après avoir laissé la lumière toquer vainement aux volets pendant un long moment, nous voilà dehors.
Un vieux reste de mer de nuages macère, laissant apparaître quelques sommets suspendus entre hublots et déchirures. Le soleil maltraite la neige qui subsiste sur les versants Sud. Il devient rapidement presque cuisant. Pour un dernier jour de février, impressionnant. Un chasseur du village nous salue, on échange quelques mots. Puis c'est la piste, entre les fayards endormis et les pins aux formes tortueuses. Quelques oiseaux espiègles nous accompagnent de leurs chants. Un col, une clairière ; et en contrebas se révèle un enfilement de crêtes bleutées nappées par une humidité bourbeuse. Le long du torrent, une file de champs divisée de haies tient la forêt en respect. D'un pré à l'autre, la couleur change, et chaque arbre est unique : des alignements irréguliers de hêtres, une clôture ébréchée, un court segment de peupliers allongés, plantés là comme une ligne de balais rustiques. Deux chanceux bien déployés, quelques rangées de noyers. J'aime leur graphisme.
Rapidement le chemin replonge dans la forêt. Quelques fleurs farouches se montrent déjà. Puis ce sont des fermes aux pieds des falaises croulantes, quelques vaches craintives, un chien ramassé à l’allure de hyène, un pauvre château ruiné.
Au retour, on se retrouve pris au piège des bouchons du couvre-feu. Une interminable ribambelle d'andouilles qui, comme nous, avait probablement oublié ce détail. Moins on prend de véhicule à moteur, plus on en oublie vite les aléas ! Après une demi-heure à faire 500 m à tout casser (c'est dire qu'à vélo il est parfois aisé d'exploser la moyenne), je me dis que, pour faire d'une galère quelques coups, il serait moins bête de profiter de nos heures à poireauter à l'arrêt pour ramasser les déchets en bord de route. … Me voilà côté à côte avec la voiture, remplissant en quelques minutes un gros sac orange, et regrettant amèrement de ne pas avoir chargé le coffre de davantage de contenants divers pour rendre utile ce trajet longuet. Franchement, si on faisait chacun – qui n'est pas seul dans sa voiture – ça en bord de route pendant ses attentes frustrantes – au lieu de s'impatienter en en venant souvent à s'énerver – je suis sûre qu'il y aurait beaaaaucoup moins de déchets paumés. Et puis c'est facile, quelques sacs à poubelles au cas où, un ou deux gant(s) pour les reliquats inquiétants... et hop, le tour est joué !
Challenge une photo et quelques mots par jour : 59/365 - 28 février
