Février 2021
Read MoreL'Ange de la Mort
"Hommage à ce que tu es et ce que tu as été."
C'est ma petite phrase pour les morts. Humains ou non, entourés ou non, appréciés ou non. Peu importe, après tout.
"Il bouge encore ?
- ... Pardon ?
- L'oiseau. Il bouge encore ?
- Oui. Mais je pense qu'il est condamné. ... Je vais le remonter chez moi, au cas où il y aurait quelque chose à faire.
- Vous êtes généreuse.
- ... On fait ce qu'on peut..."
Il y a des gens sympathiques, dans leurs cages de métal, parfois.
Aucun animal n'a été maltraité pour cette image. En revanche, mon modèle est un mort. Je l'ai ramassé sur la route alors qu'il vivait ses derniers instants. Il voletait en rond comme un papillon, tout contre le goudron, en plein milieu d'une voie. Je n'ai pas vu le choc, tout récent. Je l'ai ramassé, délicatement... d'abord pour le poser au bord, simplement, le temps qu'il se remette. De loin, je l'aurais imaginé un peu assommé, une aile froissée, ... pas beaucoup plus abîmé. Puis j'ai vu le sang qui coulait du bec...
Le temps que je trouve un tissu pour l'envelopper, il ne remuait plus. Assez vite, c'est devenu évident qu'il ne bougerait plus.
La mort. Un truc bizarre pour commencer la journée, hein ? Que l'on accepte vaguement tant qu'on ne réalise pas, et qu'elle touche des gens lointains, à l'arrière-plan là-bas. L'ami de la sœur de la cousine par alliance du grand-père de tonton René, tu sais ! Ou ces types exotiques, dans le journal et les médias.
Quand elle gobe soudain la vie d'un connu, c'est autre chose. Quand elle nous menace soi ou un très proche, différent encore. Un péril planant, une épée de Damoclès contre laquelle on est prêt à se battre, désarmé, à coup de griffes et de crocs, de cathéters et de chimio. On ne la réalise jamais, on l'oublie souvent, et d'un coup de faulx elle nous rappelle son existence. Une fin ineffable, qui nous semble indispensable pour les animaux, ordinaire pour les lointains, et soudain inacceptable lorsqu'elle s'approche, tapie, rampante, prête à bondir. L'on se plaint de nos vies, mais on les voudrait éternelles... on cherche des détours, de excuses, des solutions. Et un échappatoire : Dieux ou Démons...
Et pourtant... la mort, c'est la fin d'un cycle, une continuité, simplement... Et la vie, un miracle précieux qu'il faut apprécier au mieux...
"Il vaudra mieux que tu m'oublies en souriant, que tu te souviennes de moi dans la tristesse." (Je ne sais plus où j'ai lu cette phrase, mais elle m'a marquée.)
Challenge une photo et quelques mots par jour : 40/365 - 9 février
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