D'Ailes et d'Eau
Un jour, dans une campagne à l'orée de l'hiver, un oiseau mal au point se réveilla seul. Trop ensommeillé, il avait loupé le grand départ, et tous ses compagnons s'étaient envolés vers d'autres contrées plus chaleureuses...
Si faible et désormais si seul, impossible d'accomplir ce long voyage... Il se voyait perdu. Dans un dernier espoir, il se mit en quête d'un arbre qui veuille bien l'accueillir, et le protéger un peu des blizzards, vents du Nord et autres frimas de la saison froide.
Il alla d'abord voir le Pommier.
"Oh, grand pommier, toi qui m'a nourri pendant l'automne, toi qui est si beau et si touffu... me ferais-tu une petite place entre tes belles feuilles grasses ?"
Mais le pommier n'en avait que faire, de ce petit oiseau si superflu.
Alors l'oiseau voleta jusqu'au Prunus, si beau avec ses feuilles rouges, tout hérissé de ses gourmands de l'année. Mais le prunus non plus ne lui offrit pas l'accueil qu'il aurait voulu.
Le petit oiseau tenta alors l'érable, majestueux, équilibré, planté sur une butte bien ramassée.
Mais là aussi, il se frotta à un refus.
Frigorifié, l'oiseau, de quelques battements d'ailes, traversa une grande rivière pour aller demander là-bas, à la forêt sauvage, si elle avait une place pour lui.
D'abord, il aborda le Chêne : "Oh, grand sage de la forêt... je suis seul et gelé, accepterais-tu de m'héberger pour l'hiver, entre tes feuilles crénelées ?"
Mais non, pourquoi un aussi bel arbre hébergerait un être si insignifiant ? Il n'avait qu'à suivre la migration !
Il les essaya tous : le Hêtre, le Charme, le Frêne, le Châtaignier.....
Enfin, désespéré, le petit oiseau se laissa choir contre un tronc. C'était un tronc de conifère, aux branches tendues comme des barreaux d'échelles, ébouriffées d'aiguilles. Il poussait à l'écart, dans son coin, pas aussi apprécié que les autres dont l'apparence semblait plus noble avec leur verdure fournie. Le sapin se sentit tout triste pour cette petite boule de plume, et lui murmura : "Viens chez moi ! Je n'ai pas de larges feuilles grasses, mais tu pourras toujours t'abriter dans mes ramures, ce sera bien mieux que rien !"
Et c'est ce qu'il fit. L'oiseau survécu à l'hiver, et vit avec plaisir refleurir le printemps.
Et depuis ce jour là, tous les feuillus, si imbus d'eux-mêmes, perdent leurs feuilles chaque hiver !
"J'espère que toi aussi, tu trouveras ton arbre !"
(D'après un conte populaire.)
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