Baiser
Encore une fleur ! Toute nouvelle, qui embrasse la vie à pleines... non, pas à pleines dents. À pleine bouche, simplement. Pas plus, mais non, qu'allez-vous chercher... Une inspiration sensuelle, une embrassade chaleureuse, ou un petit bisou, tout simple, avec le câlin assorti, que des mesures pour notre bonne santé physique nous interdisent depuis... longtemps. La génération masque. On en avait déjà souvent un, de masque ; qu'on portait à l'occasion, invisible, pour ne pas trop se montrer... Une sorte de cagoule caméléon. Maintenant, il est obligatoire et assumé.
Je ne sais pas chez vous, mais moi, j'ai l'impression que le masque... cet accessoire permettant de protéger son entourage – et au mieux son porteur selon les modèles... est devenu une excuse pour rester un peu plus dans son monde. Un truc pour renfermer la couche d'individualisme sur elle-même, juste le petit bout rapiécé qui manquait pour faire le tour. Pourtant, le but premier, en théorie, c'était bien d'être attentionné, non ?
Mais on ne voit plus les lèvres, on ne devine plus les "bonjour" de loin, on déchiffre difficilement les sourires, ... Alors à quoi bon ? C'est comme si ce carré de tissu bien "clean" rendait aveugle et sourd. C'est plus difficile que jamais de croiser un regard. Dur de différencier un oui d'un non, un mot d'un autre. Les visages sont devenus une étendue uniforme égayée de quelques couleurs et plis, entre le blanc et le bleu qui prédominent.
Je n'ai jamais été physionomiste. Mais alors vraiment pas. Je peux dire bonjour trois fois à la même personne dans la journée sans problème, c'en est désespérant. (D'ailleurs comme je ne retiens pas les prénoms non plus, c'est une catastrophe. Désolée !) Imaginez lorsqu'il manque d'un coup les deux-tiers des traits distinctifs...
Alors si en plus on ne se regarde plus, ça devient d'un complexe !
Mais bon sang, embrassons nous des yeux, disons-nous des mots doux ! Ou des mots épineux, pour mettre un peu de piquant, … enfin ceux qui collent à l'humeur du jour, simplement... D'autant plus que nos bouches sont bâillonnées, par une étoffe opaque aseptisée. Pour contrer nos timidités, les pétales nous prêtent leurs lèvres délicates, pulpeuses, affectueuses. Ils doivent s'en dire, des messages, dans leur coin !
Challenge une photo et quelques mots par jour : 87/365 - 28 mars