Des hauts et des bas. Des ascensions et des descentes. Des cellules closes et des voies tracées. Des routes reliées et des labyrinthes interminables. Je suis une œuvre unique composée de mille dessins abstraits. Du jaune-vert tendre, je passe au vert profond, ... puis, plus tard, au verdâtre sec, avant de tourner au brunâtre pour disparaître en paix, emportée par les vents d'hiver. Comme nombre de mes compagnes, je m'efface alors, laissant la place à quelques sœurs coriaces, déterminées et courageuses – et souvent piquantes ou toxiques. Je suis perchée sur un arbre rondouillard et pourtant fluet, qui pousse parfois en haie, parfois non loin des maisons, parfois en forêt. Plutôt – toujours ? – dans l'hémisphère Nord, au sein des régions tempérées. Certains animaux aiment les fruits qui grandissent à mes côtés. Jadis, mon porteur fut associé à la magie blanche, et son bois est toujours utilisé aujourd'hui. Bref... À votre avis, qui suis-je ? Challenge une photo et quelques mots par jour : 188/365 - 7 juillet
Les prés fleuris ne sont plus qu'un fouillis mordoré. Au pied des longues tiges sèches trempées par les averses, dissimulées par la haute assemblée frémissant au vent, toute une multitude de vie bigarrée s’épanouit encore. Des trèfles roses et blancs – et à quatre feuilles ! –, des chicorées sauvages qui tendent haut leurs longs cous couronnés de bleu, des petites touffes de lotier jaune vif. Quelques molènes, dont les premières fleurs aux étamines mauves éclosent d'un coup, décorant leur support longiligne comme des boules de Noël. Quelques aigremoines, moins imposantes, mignonnes et échevelées. Vous les connaissez, j'en suis sûre. Vous savez bien, cette plante qui, une fois la floraison achevée, envoie ses graines se coller à vos pantalons, pulls, cheveux et autres choses scratchables. C'est petit, poilu, et incroyablement adhésif ! Naturellement, il ne s'agit pas juste d’un plan fourbe des plantes pour nous embêter, ... c'est simplement leur moyen de disséminer leur descendance. En l'occurrence, utiliser les animaux comme stratégie de dispersion s'appelle la zoochorie. Les plantes sont très inventives... il y a bien sûr celles qui n'ont besoin de personne : l'autochorie, c'est le fait de disperser ses graines soi-même. Certaines vont jusqu'à faire exploser leurs fruits pour projeter leur progéniture le plus loin possible ! Plus connue, l'anémochorie est le fait de profiter du vent, tel le pissenlit avec ses petits parachutes... ou, dans le Far West, des buissons entiers, qui roulent dans le désert au gré des courants. Certaines utilisent l'eau... (l'hydrochorie) et il en existe même qui se servent du feu (la pyrochorie) ! Après ça, allez encore dire que l'état végétatif est une histoire de légumes... Challenge une photo et quelques mots par jour : 189/365 - 8 juillet
Bien campée sur son long pied, la famille clochette scrute la forêt. Chacun son angle de vue, le pavillon grand ouvert, tout ouïe. Autour, c'est le Grand Dehors. Mais un grand dehors qui se fait petit. Pas très sauvage. Un peu trop cadré, orienté, apprivoisé, domestiqué, "maîtrisé". Certes d'abord, au plus près, il y a la forêt. Ce petit bout accroché aux rives pentues, qui persévère et résiste, avec ses troncs et ses buissons, ses ronces et ses bourgeons. Il y a les moustiques, aussi. Qui vibrent et tissent leur mélodie agaçante dans l'air lourd du soir. Et le pic, qui là-haut toque inlassablement. Plus loin, c'est le chemin. Il a l'air serein, tant qu'aucun véhicule aventureux n'y vient. Il se tapit sous les herbes folles, inquiet de toutes les pétarades bruyantes qui débordent de la route. ... La route. Elle n'est pas si loin. Quelques jours à allure d'escargot, quelques secondes à vitesse d'oiseau. Toute la journée, elle vrombit, klaxonne, frémit de stress et d'empressement. Elle enjambe le gué d'un pont d'un seul, sans même le remarquer, j'en suis sûre. Plus haut elle s'égare dans un dédale de ruelles, défendu par des portails sévères et de hautes haies taillées. ... L'espace d'un instant, un rayon de lumière transperce le paysage. La Montagne, le quartier, la route, la forêt, le chemin, la fleur. Et tout semble exactement à sa place, contemplant à l'unisson la danse vespérale des feux follets. Challenge une photo et quelques mots par jour : 190/365 - 9 juillet