Les gouttes régulières se transforment en une bruine incertaine. Des hordes de brume écument les cimes. Au loin, acculé entre les sommets, le ciel s'assombrit. Une lueur acharnée tente des percées. Tout à coup, quelque part, un éboulis s'allume. Il ruisselle de soleil, ... s'éteint. Des tessons de ciel bleu, brisés, divaguent. En face, un arc-en-ciel colore une face ocre tachée de pins sombres. Un éventail de rayons obliques transpercent le ciel et enflamme les pentes. Le village en est éblouissant. Nous laissons derrière nous, sur la route, le Festival. Merci Terre Sauvage ! Ce soir, un dernier moment à partager, quelque part en Montagne. À la première bifurcation s'étale une prairie maculée de larges panachures violettes, vives comme des touches de peinture, semées d'épis jaunes. L'espace de quelques minutes, ma vue se limite à cette beauté si singulière et si élémentaire à la fois... Challenge une photo et quelques mots par jour : 185/365 - 4 juillet
Devant les étoiles, les branches griffonnent un théâtre immobile. Plusieurs fois, j'ouvre les yeux sur la Voie Lactée et ses nuées de scintillements. Le feu lance des éclats orangés sur les écorces, faisant danser le sous-bois. Je replonge la tête dans le pull moelleux qui me sert d'oreiller. Avant l'aube, des oiseaux lancent des chants stridents qui résonnent dans l'air translucide. Le ciel est d'un bleu profond, uni. Les arbres déploient toujours leurs ombres, comme un florilège de longues mains tendues. À maintes reprises, des songes réalistes m'emportent, me libèrent, me rattrapent. La clarté augmente progressivement. Il fait tout doux. Des bouvreuils sifflent leurs sons simples qui m'évoquent une chevêchette. J'erre un moment d'arbre en arbre, récolte quelques déchets égarés, m'adosse à un vieux pin cabossé. Au parking, tout somnole encore. Discrètement, je récupère un livre, et m'assieds sur une grosse branche pour bouquiner, observant de temps à autre la lumière qui change. À force d'escalader l'autre versant, le soleil finit par en sortir la tête. Les fourmis se mettent à fourmiller, les oiseaux de l'aube s'interrompent. La journée défile calmement, entre nature et gens, à discuter et apprendre. Puis vient le temps de rentrer. La nuit me rejoint avant l'arrivée. Challenge une photo et quelques mots par jour : 186/365 - 5 juillet
Les étoiles brillent au-dessus du pare-brise. Arrive une armée de lampadaires éblouissants. Les phares des rares voitures qui perforent la nuit me paraissent d'une puissance dingue. Un renard me regarde passer, tout humide de rosée, avant de replonger dans les hautes herbes. Les virages laissent place à de traîtresses lignes droites. La fatigue s'immisce et opacifie les pensées. Un autre renard traverse à quelques mètres, suivi d'un petit levant haut les pattes, tout fier, queue dressée avec panache. Quelques kilomètres plus loin, c'est une chevrette qui scrute suspicieusement le véhicule depuis la lisière. Les voies rectilignes se tordent pour laisser place à un rond-point. Un tournant. Un village. Une nouvelle ligne droite. Submergée de sommeil, je m'arrête dormir quelques minutes. Puis le retour reprend, avec ses rocades, ses enfilades, ses doubles voies. Voici la sortie. Le feu. La montée. La route cabossée. ... dodo. Le retour au travail me replonge sans cérémonie dans un bain de réflexions dérangeantes. Quel contraste avec ce week-end à palabrer autour de la Nature... ! Et puis voilà que, déjà, il est l'heure de remonter, vers un nouveau départ. Les paysages plats se prosternent devant les violentes averses arrivées par surprise. Au crépuscule, miraculeusement, les nuées s'ouvrent. Un arc-en-ciel en morceaux enjambe des champs d'où s'élève une brume légère. Les nuages s’imbibent de jaune, rose, magenta... avant de se fondre dans l'heure bleue. Challenge une photo et quelques mots par jour : 187/365 - 6 juillet