Elévation
Ce soir, je voulais vous écrire un petit chapelet de mots poétiques sur l'ambiance crépusculaire, ... mais en rentrant, un sujet beaucoup moins avenant s'est imposé. Il était là, il traînait sur mon chemin, gros comme un nez de clown ivrogne au milieu d'une figure d'ange.
Un sujet pas sexy du tout : les déchets. Ça ne fait pas rêver, je sais.
Les déchets. Vous savez, ces machins envahissants que l'on essaye d'oublier.
Les déchets, donc. En début d'année, je vous glissais que les déchetteries sont les seuls lieux où des envies de meurtre me visitent. Je n'arrive pas à comprendre comment il est possible de jeter autant de choses. Et encore moins des choses qui peuvent encore servir. Oui, on peut dire que de toute façon, les entreprises se font encore du profit sur notre dos en utilisant les déchets comme ressources, que tout sera trié après, ... ou à l'inverse que, de toute manière, rien n'est trié. Que nos poubelles partent en Malaisie lorsqu'elles ne finissent pas dans une décharge locale à ciel ouvert, ou encore qu'elles font des allers-retours en cargo. Et puis que le papier et le plastique, ça crame bien quand même, il en faut pour alimenter les incinérateurs.
Bref, l'on peut s'en dire, des tas de conneries partiellement véridiques. Il n'empêche que ce n'est pas très compliqué, et que même si pour l'instant ces petits gestes étaient un coup d'épée dans l'eau de vie, l'habitude me paraît bonne à prendre.
J'aimerais que l'on se rappelle d'un truc : le meilleur déchet, c'est celui qu'on ne produit pas. Ce n'est pas celui qu'on prend la peine de jeter à la poubelle, ni le plus petit, ni le recyclable (recyclable ne veut pas dire recyclé), ni même le compostable (c'est mieux, mais il demande malgré tout à être fabriqué). C'est celui qui n'existe pas. Le verre se recycle à l'infini ! Fort bien. Encore faut-il qu'il atterrisse dans une benne à verre. Où la bouteille en verre sera brisée pour qu'on puisse la nettoyer et la refondre afin de créer une bouteille identique, toute neuve. Logique et économe comme procédé, n'est-ce pas ? Il est certes "pratique", d'avoir son petit contenant et de ne pas avoir à le laver. Mais, bon. Au XXIe siècle, cette manière d'agir ne commencerait-elle pas à être un peu dépassée ?
En tant qu'homo sapiens sapiens, il serait mal venu, manifestement, de vivre sans produire de déchets. En tous cas, nous n'avons pas encore compris comment faire sans revenir directement à la désormais célèbre case "grotte". Alors rappelons-nous peut-être simplement et faisons passer le mot... : il existe d'autres solutions que de se débarrasser de ses encombrants au milieu de nulle part (!), ou que de tout donner à dévorer à la poubelle du tout venant.
Déjà, il y a le tri. Le papier, les cannettes, les bouteilles, la plupart des emballages... les produits louches, le métal, ... tout cela est, théoriquement, recyclable. Il faut donc essayer d'y mettre un peu du nôtre, car le recyclage ne peut qu'être un échec si dès la première étape on n'adhère pas au concept.
Et puis, pour les motivés, il y a souvent pas mal d'alternatives pour limiter la casse. Au début, on vous regarde avec des gros yeux de merlans frits, mais en général, cela devient vite une bonne habitude : récupérer, acheter en gros ou en vrac, au marché et d'occasion, réutiliser, faire usage de contenants consignés...
Ensuite et surtout, il y a le don. Nous ne voulons plus de ce vieux machin pourri qui est encore fonctionnel ? Il y a des gens qui en auront sans doute l'utilité, si ce n'est le besoin. Même si c'est taché, même si c'est démodé, même si c'est un peu à retaper. Nous ne savons que faire de ce bidule neuf qui n'a jamais servi ? Donnons-le, ou vendons-le ! Nous ferons sans doute un heureux !
Il y existe de nombreuses solutions : pour ne pas s'embêter, il y a Emmaüs, les Ressourceries, diverses associations qui récupèrent et trient elles-mêmes. Sinon, à partir du site "donnons.org", les gens viennent récupérer chez vous ce que vous souhaitez offrir. Pour les ventes (même à prix symbolique), le classique leboncoin, et bien d'autres... Évidemment, il y aura toujours quelqu'un pour chercher à négocier un prix déjà risible ou pour vous demander de livrer son sac à main à l'autre bout du pays pour une remise en mains propres. Mais tout le monde n'est pas comme ça, heureusement.
Bref, un truc qui ne nous sert plus n'est pas un truc qui n'est plus utilisable. Nous avons chacun une vision, des moyens et des envies différentes. Il ne faut pas avoir honte de proposer quelque chose qui nous semblera désuet... et d'offrir un nouveau départ moins funeste à nos objets !
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