La nuit s'est déjà posée doucement sur la vallée lorsque la maison à roulettes s'ébranle. Un nombre incalculable de bruits de tremblements, vibrations et autres vrombissements cliquette, alors que nous bravons les bouchons – car oui, apparemment, même le samedi soir, la ville n'est jamais à l'abri d'un bouchon. Après un dîner sur le pouce dans une baraque à frites égarée entre deux patelins, la route se comprime, s'étiole dans un village, se resserre le long de champs mouillés dont émane parfois une étrange vapeur. La respiration se condense en volutes de fumée. Des étoiles, nombreuses, pétillent dans le ciel d'encre. À l'horizon, des villes lointaines consument les nuages et l'obscurité. À quel prix effaçons-nous ainsi la nuit...? J'ai déjà ma photo en tête : un arbre enveloppé par la voie lactée. ... Mais le cosmos, facétieux, en a décidé autrement. En quelques minutes, les vapeurs lointaines se sont refermées en un couvercle de nuages bas... Ne reste au bord de l'étang, avec le son chantant de l'eau, qu'un calme sombre teinté de villages. Challenge une photo et quelques mots par jour : 310/365 - 6 novembre
Plusieurs fois, je m'éveille dans des incertitudes. Étais-je bien à vélo dans le dédale de ruelles d'une ville colorée pleine de travaux, plongeant graduellement vers une baie aux eaux noirâtres... ? Devais-je bien rentrer en stop en discutant avec un ex-compagnon d'un concours à passer sans être en retard ? Ce paysage de falaises grisonnantes imbriquées, creusées de routes aux garde-fous rouges était-il bien réel ? ... Et puis mes yeux s'ouvrent sur l'obscurité, toute remplie de silence. Bientôt, le réveil couine, marquant l'heure du départ. La brume s'est évanouie, l'eau perle sur les herbes. Le niveau de l'étang est monté. Un pic cogne un tronc, lui arrachant un son sec qui résonne dans la quiétude mouillée. Dans la pénombre un clapotis vacille, des ridules discrètes courent sur le miroir de la surface. Le calme est presque assourdissant. Un cormoran crie vers l'autre rive. Le soleil, paresseux, ne se lève pas vraiment, ... mais il laisse poindre un peu de jour, révélant peu à peu une palette d’une l'harmonie inouïe. Challenge une photo et quelques mots par jour : 311/365 - 7 novembre
Une caresse, un effleurement. En bas des cimes altières qui ont plongé dans l'hiver, se tasse un peu de verdure, qui perdure. Un gazon rachitique, quelques herbes coriaces, un géranium sauvage, une pervenche flétrie. Deux ou trois pissenlits. Quatre ou cinq roses. Leur délicatesse presque sensuelle se resserre sur un parfum léger, raffiné. Qui sait quel trésor se camoufle derrière tous ces pétales assemblés en mille-feuille ? Saviez-vous que la rose est une des plantes les plus cultivées ? Résultat de milliers d'années de sélections et d'hybridations. Il en existe des centaines d'espèces. L'on en oublie même les roses sauvages, moins tarabiscotées, vêtues de pétales discrets souvent en forme de cœur, se métamorphosants en fruits dodus souvent truffés de poil à gratter. Les roses fascinent, au point de se voir utilisées comme emblèmes, d’inspirer peintres et poètes. On les retrouve même en cuisine. De confiture en sirop, de salades en gâteaux. … Bon appétit ! Challenge une photo et quelques mots par jour : 312/365 - 8 novembre