À l'aube, la brume s'est élevée pour envahir esprits et villages. Quelques lignes de sommets sont sorties du néant, de-ci, de-là. Puis elle est montée encore, s'élevant vers les cieux. Encore et encore. Le ciel est redevenu bleu, sans imperfection, sans dispersion, comme s'il l'avait toujours été. Sous nos latitudes, un ciel bleu ne reste jamais bien longtemps sans nuages. Au loin, l'orage grognait déjà. Des cumulus bouffis ont cloqué, par-ci, par-là. Ils ont explosé en gigantesques champignons instables et boursouflés. Comme hier et bien d'autres jours, des drapeaux noirs déchirés par les vents se sont plantés sur les cimes. Puis un arc-en-ciel s'est dessiné. Comme ça, caché derrière une rangée de peupliers, comme un traité de paix suspendu, un drapeau blanc version gaie. Un passage entre roc et firmament. Des rayons de lumière et des chutes de pluie le traversaient, mais il restait là, grandissant, de plus en plus imposant, splendide, comme s'il n'absorbait que ce qui pouvait le rendre plus beau encore. Challenge une photo et quelques mots par jour : 247/365 - 4 septembre
La petite route s'élève entre des trouées bucoliques fleuries, et une forêt de montagne, faite d'amples troncs de conifères entre lesquelles la lumière peine à se faufiler. Tout au bout, un large chemin pierreux monte paresseusement dans un pré, jusqu'à une cabane posée dans une clairière. C'est une jolie cabane. Rustique, avec ses murs de pierres et sa charpente de bois, sa porte sombre close d'un petit loquet ouvert. Son annexe un peu plus loin, mini-cabane de petit coin. Son stock de buches pour l'hiver. Ses poêles suspendus aux murs, ses quelques bouquins de-ci, de-là. Sa fontaine d'eau limpide et fraîche. Une cabane qui donne envie. Quelques framboisiers plus tard, le sentier s'enfonce dans un bosquet qui redevient vite une forêt. Une sylve hétéroclite, lumineuse. Les jeunes pousses des sapins sont oranges d'une étrange maladie, la rouille. La piste s'élance droit dans la pente et se fraye un passage entre des végétaux de plus en plus envahissants. Leurs branches souples dressent un tunnel de verdure. Quelques champignons pointent leurs chapeaux ronds entre les racines. Brusquement, une piste, à nouveau. Les sangliers ont soigneusement labouré une partie des bords, une large flaque vaseuse à l'odeur de mare stagnante cultive quelques moustiques. Les ombres moussues débouchent dans une nouvelle montée à cheval sur le dos d'une crête bossue. Sur un tapis de branches mortes blanchies par les saisons, des framboisiers touffus se serrent les uns contre les autres. Plus haut, la végétation devient plus rase et ce sont les myrtilles qui recouvrent les vallonnement de leur tapis aux couleurs changeantes. Mission cueillette ! Des touffes de lichen en forme de chou-fleur tentaculaire émergent parfois du sol buissonnant. Le versant au vent est rachitique, l'autre un peu plus volubile. L'arête se perd dans les nuages à l'approche d'un large sommet rocheux. Tout autour, la vue s'étale, de la vallée aux nuées. Challenge une photo et quelques mots par jour : 248/365 - 5 septembre
La clarté est douce, chaude comme un soleil Un coin si rassurant, apaisant, sans pareil Peut-être est-ce une serre, un endroit protégé Pluies et aridité auront pu l’éviter. Les chétives lucioles dansant en éclairant Sauraient faire rêver le plus bourru manant Car Nature flétrie n'offre plus comm’ jadis Les paix et volupté qui étaient si propices. Tout était là ! Gratuit, conquis et évident Il semblait qu'il en resterait infiniment... Et pourtant il est tard et l'avenir s'éteint, Et bien malin qui sait ce que sera demain. Les enfants désormais ont avant leur naissance Une mission facile, une simple évidence Il faut sauver le Monde. On n'a pas réussi. D'autres priorités garnissaient bien nos vies... Vous verrez, c'est aisé ! On l'avait tant pensé Il suffit maintenant de savoir l'appliquer. Ralentir. Se poser. Regarder et aimer. Pour vivre le travail est bien plus qu'un métier. Aujourd'hui c'est le sens qui doit guider les pas. Le courage est d'agir pour protéger ses droits... "Gagner sa vie" : une sourde notion d'antan, Vos vies vous les avez. Soyez vous, en avant ! Émerveillons-nous des paysages épargnés Des lueurs magiques des forêts préservées... Car tout n'est pas acquis et la simple beauté Pourrait si aisément nous être dérobée... Challenge une photo et quelques mots par jour : 249/365 - 6 septembre