Ce premier jour d'automne a un goût de printemps. Une mer de nuage s'est déchirée, laissant courir quelques rayons hagards au cœur de la vallée. La douceur caresse les jardins, les derniers fruits murissent, les abeilles butinent, une écharpe de brume se tisse tranquillement à mi-hauteur. Les dernières fleurs fanent, mis à part un troupeau exubérant de ces crocus jaune vif, et quelques tiges ornées de larges fleurs rosées, comme des parapluie aux larges ailettes, si craintives, si lourdes qu'elles ont du mal à relever la tête. En leur cœur, une mini-planète, vert printemps, sur laquelle les blés foisonnent, déjà murs, prêts à la moisson. Autour, le ciel est d'un rose volubile, avec un relent de fête foraine et de carnaval. Et pourtant, l'automne est là. Bientôt viendront les longues soirées glauques, les brouillards persistants, et les couleurs vives des bois qui habilleront les pentes. Là-haut, les premières neiges reviendront. Fondront. Reviendront, encore et encore, jusqu'à tenir et rendre aux cimes leur pureté. Challenge une photo et quelques mots par jour : 265/365 - 22 septembre
Une journée devant l’écran dans la pénombre de l'intérieur. Au-dehors, c'est l'été qui chante toujours, telle la cigale, sans rien voir venir de sa fin. Même la lumière dure aux contrastes fades semble encore estivale. Et voici qu'autour du bassin tournoient des libellules. Une, deux. Trois, six. Deux appariées qui virevoltent sans trouver perchoir à leurs pieds, une kaki métallisé qui se fond dans un buisson, deux rouges, plus posées, qui se reposent infatigablement sur les mêmes perchoirs... Et une gigantesque, vert irisé, qui explore la voûte sombre d'où arrive l'eau. Elle est vraiment énorme : presque un oiseau. Ses ailes font vibrer l'air à son passage, traînant à leur suite un bruit étrange, qui s‘apparente à celui d'un gros bourdon qui ferait des claquettes. Elle visite les lieux, repart vers d’autres horizons voisins, revient. Mais sans tenir en place, emportée par son élan tourbillonnant. Au bord de l'eau scintillante, la petite rouge est plus abordable. Elle se cambre, se trémousse un peu, agite ses ailes de quelques à-coups contrôlés, tourne sa grosse tête ronde, décolle, pivote, virevolte ; se repose, fait volte-face, attend. Recommence. Sous sa brindille, l'eau éblouissante luit entre les nénuphars ; et les prunus rouges – qu'il faudrait que je taille... – élèvent leurs longues branchettes de l'année, encore toutes garnies de feuilles couleur sang brandies vers le soleil rutilant. Challenge une photo et quelques mots par jour : 266/365 - 23 septembre