La lumière plonge dans l'eau et s'y débat. De temps à autre, le vent dessine sur ses remous des ondes parallèles qui l'emporte plus loin. Puis elle rassemble ses forces, dessine des traits mouvants, peinture impressionniste instantanée qui épouse les formes du courant placide. Des personnages se succèdent. Vous les voyez ? Une étrange grosse bête à trois yeux, la tête comme un point sur le I de son corps aux allures d'hippocampe. La belle, le foulard au vent, un tissu à la taille qui s'évanouit dans l'éther, le regard perdu dans les vagues, face au souffle qui entraîne ses vêtements. Les silhouettes disparaissent en une fraction de seconde. Je médite un peu sur cette drôle d'idée d'une photo par jour en remontant les ruelles de la vieille vile. J'aimerais bien partager plutôt les images qui peuplent ma tête, parfois. Photo du 29/10 : Challenge une photo par jour, photo 302/365. Copyright : Ambre de l’AlPe
La forêt chante. Elle se prépare à l'hiver. Les feuilles des chênes se dégradent petit à petit, les châtaigniers sont tout racornis. Les oiseaux se sont rapprochés des maisons et de leurs petits buissons bigarrés de baies alléchantes. Je passe un moment enfermée dans ma maison qui n'est plus la mienne. Une souris culottée grignote dans le plafond. Les araignées ont tendu des rideaux au-dessus des vitres. La tourmaline du tapis a grimpé dans un coin d'étagère. Plus de briquet, quelques bouts de papier ont bronché sur les planches vissées du bureau. Que des petits détails. L'odeur mêlée des cires des bougies et du plancher s'est effacée. Cette bouffée de chez soi qu'on respire plus ou moins inconsciemment à chaque fois qu'on passe le seuil de la porte est partie avec moi la dernière fois. Exode rural avant défection citadine. Le soleil se couche plus tôt soudain ; il s'amuse à jouer avec les feuilles tremblantes des bouleaux dorés au pinceau saisonnier. Photo du 30/10 : Challenge une photo par jour, photo 303/365. Copyright : Ambre de l’AlPe
Aujourd'hui, réveil avant 6h. Une heure plus tard, un train m'emporte vers Valence et sa Clinique Générale. Opération dents de sagesse. Bon. Au train succède un bus presque vide, puis un autre. "Vous avez bien prévu quelqu'un pour vous ramener ?" Oui oui ! Par contre le nom, bin, euh, il y en a plusieurs possibles, et d'ailleurs, en fait, maintenant que vous le dites, je connais les prénoms mais pas tellement les noms. Une infirmière me donne ma nouvelle tenue officielle, un infirmier taciturne me trimballe jusqu'à l'étage, un stagiaire prend la relève -déridant l'infirmier d'une maladresse-, puis un anesthésiste ; tout le monde me demande si ça va bien et ma date de naissance. Oui tout à fait, tout va parfaitement bien, je prends racine dans un couloir et l'idée de l'anesthésie commence à me faire trembler, mais sinon, oui, tout va bien. Mon lit a roulettes change de place, on m'injecte un produit, la lampe circulaire se déforme soudain. Son contenu valse, s'étire et se rétracte... Plus rien. On arrive sur un sommet saupoudré de neige duquel émergent des écailles d'ardoise. Je sais que la vue est magnifique, même si elle ne m'apparait pas encore. Je me redresse pour les derniers pas... J'entends les pas des infirmières qui accourent pour me rallonger. Ah oui c'est vrai... Dommage, c'était bien ! Puis c'est l'attente... et l'expédition pour rentrer avec la troupe déléguée pour me récupérer, qui a malencontreusement atterri dans un autre hôpital. En rentrant, j'avoue, la motivation pour chercher un sujet photo est un peu flottante. Les chiens sagement installés devant le feu feront un sujet parfait. Photo du 31/10 : Challenge une photo par jour, photo 304/365. Copyright : Ambre de l’AlPe